Monnaie

100 francs Louis Braille

100 Francs 1999, commémorant Louis Braille.

En 1999, le chef du service de la gravure m’a confié la création d’une pièce commémorant Louis Braille. Ce travail m’a obligé à aller voir hors de nos murs, notamment au Musée Braille situé dans sa maison natale à Coupvray, en Seine-et-Marne, et à découvrir un personnage passionnant.  

Affres et joies de la création … à propos de Louis Braille.

Graveurs à la Monnaie, nous avons la chance d’exercer un métier qui nous donne l’occasion de nous instruire en travaillant. Ainsi, lorsque Serge Levet m’a proposé de créer les dessins pour une pièce commémorant Louis Braille, je suis parti de bon coeur pour une découverte qui allait dépasser mes attentes.

Il est évident que, même avec une assez bonne culture générale, il n’est pas possible de tout connaître : l’Opéra Comique, la Palestine, la ligne 2 de la RATP, l’histoire de l’Europe par son architecture… Braille a été un de ces sujets qui m’a obligé à aller voir hors de nos murs. J’ai orienté mes recherches vers le Musée Braille situé dans sa maison natale à Coupvray, en Seine et Marne. Cette première visite a été une source d’étonnement et de coups de coeur qui ont immédiatement décidé des grandes lignes de ma création.

J’ai découvert ce que fut la vie difficile, courageuse et effacée du jeune Braille, le long cheminement qui l’a conduit à mettre au point un système de communication tellement parfait qu’il a été, après une période d’interdiction par ses propres professeurs, adopté par tous les pays du monde.

J’ai découvert que "je n’y avais pas réfléchi auparavant" si le Braille se lit de gauche à droite, il s’écrit "évidemment" à l’envers, ce qui n’aurait pas dû échapper à un graveur…

J’ai eu un pincement au coeur en voyant des jouets et des bandes dessinées destinés aux enfants aveugles… Ma plus forte émotion a été de voir ces enfants lire à une vitesse presque égale à celle des voyants, le bout des doigts des deux mains effleurant les points en relief gaufrés dans le papier. Quelle serait leur vie sans l’acharnement de Louis Braille ?

Mon idée dès lors a été de traduire cette “vision à travers les doigts”. J’ai eu la chance de rencontrer une interlocutrice passionnée, Madame Margaret Calvarin, conservatrice du Musée Braille, à qui j’ai soumis mes dessins et qui m’a permis, en les présentant à l’Institut National des Jeunes Aveugles, de contourner tous les pièges qui se tendaient à moi.

Vint ensuite le temps de la gravure et de la fabrication, le temps d’un long travail d’équipe, d’addition de compétences. Que seraient nos pièces de collection sans une étroite collaboration entre les graveurs, les polisseurs, les estampeurs.

Et puis arriva le jour de la présentation de la pièce à la Presse, mais surtout aux aveugles, et des maquettes destinées à être “lues” par eux. Pour moi, c’est le verdict : il est bon. Je suis enfin libéré des affres de la création, heureux et enrichi de cette Nouvelle expérience.

Anecdote : 

Jean-Luc Maréchal. Le 18 juin 1999

Madame Margaret Calvarin, conservatrice du Musée Braille à Coupvray m’a très aimablement servi de conseillère technique dans mes recherches. Elle m’offre volontiers le droit d’utiliser la dédicace de Helen Keller, et contactera la Monnaie à cet effet.

Explications pour lire la pièce :

Sur la face de la pièce, j’ai représenté Louis Braille par le buste qui trône dans sa maison natale, à Coupvray. Ses dates de naissance et de mort figurent en arrière-plan, au-dessus de l’église du village. J’ai figuré son nom avec le système de lettres cloutées que son père lui avait fabriquées pour l’apprentissage de la lecture avant. C’était une simple adaptation en relief de notre alphabet.

J’ai traduit l’expression “voir avec les doigts” en dessinant ses deux mains transparentes, et en y faisant courir son alphabet sur trois lignes : de A à J, de K à T et de U à Z.

Pour le revers, une main lit le texte en Braille “UN RAYON DE LUMIÈRE A PÉNÉTRÉ LES OMBRES DU MONDE”. Cette phrase est due à Helen Keller, Américaine sourde et aveugle, militante des droits des minorités et auteure prolifique. Ce beau texte figure également à l’exergue, pour les voyants. En fond à gauche figurent les outils pour écrire manuellement le Braille : le poinçon et la tablette. En dessous, une “cellule” grâce auquel les débutants peuvent s’exercer à constituer les lettres de l’alphabet Braille.

Voir avec les mains

Description

Face

Louis Braille est représenté de face, les yeux ouverts - — tels que sont la plupart des aveugles —, le visage émacié, miné par la tuberculose.

Sur le col de son costume figurent les palmes distinctives des professeurs de l'Institut national des jeunes aveugles (INJA).

Les deux mains en avant lisent l'alphabet que Louis Braille a inventé et qui porte son nom. Il est écrit sur trois lignes selon la logique du système Braille. Les deux mains sont “transparentes”, pour traduire l’univers différent dans lequel vivent les non-voyants.

En légende, les mots LOUIS BRAILLE sont écrits en lettres cloutées, semblables à celles réalisées avec des clous de bourrelier par le père du jeune aveugle pour lui apprendre la lecture.

A l'arrière-plan figurent, outre la mention RF, l'église de Coupvray (Seine-et-Marne), village où Braille naquit et fut inhumé, ainsi que les dates 1809-1852.

Avers - Louis Braille
Revers

Le sujet central figure une main “transparente” qui lit un texte en Braille sur une feuille. “Un rayon de lumière a pénétré les ombres du monde”.

L'auteur de ce texte de référence émane d'Helen Keller, Américaine aveugle, sourde et muette, et écrivaine célèbre qui l’a offerte en dédicace –écrite en français– au Musée Braille de Coupvray.

Cette phrase figure sur un des murs de la maison natale de Braille. Elle est une citation de référence pour le monde des aveugles.
À gauche figure une grille de tablette Braille avec son poinçon en position pour écrire. (Nous rappelons que le Braille s’écrit à l’envers, de droite à gauche).

Un petit jouet en bois en forme de “cellule” est destiné à faciliter l’apprentissage des jeunes aveugles.

A l'exergue : la valeur faciale 500 F ou 100 F accompagnée du millésime 1999.

Sur le pourtour : la devise républicaine « LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE ».

Revers - Louis Braille

Face : dessin & gravure
Revers : dessin & gravure

Le tirage des pièces définies par le présent arrêté est limité à :

  • pièces de 100 francs en argent de qualité Belle Epreuve : 3 000 exemplaires ;
  • pièces de 500 francs en or de qualité Belle Epreuve : 300 exemplaires ;

Ces pièces ont cours légal en métropole, dans les départements d'outre-mer, à Mayotte et à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Arrêté du 18 novembre 1999 relatif à la frappe et à la mise en circulation de pièces commémoratives de 100 F et de 500 F

Arrêté du 18 novembre 1999 relatif à la frappe et à la mise en circulation de pièces commémoratives de 500 F et de 100 F

NOR: ECOT0014079A

Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,

Vu la loi no 98-1266 du 30 décembre 1998 relative à la loi de finances pour 1999 ;
Vu le décret no 82-745 du 24 août 1982 autorisant la fabrication de pièces de 100 F en argent ;
Vu le décret no 89-300 du 10 mai 1989 autorisant la fabrication de pièces de 500 F,
Arrête :

Article. 1er.

La composition et les caractéristiques des pièces commémoratives de 500 F en or et de 100 F en argent, définies par le présent arrêté, sont fixées conformément au tableau figurant en annexe.

Ces pièces sont frappées au millésime 1999 par la direction des Monnaies et médailles pour le compte de l'Etat.

Article. 2

Dans la série des personnalités inhumées au Panthéon, la présente émission commémore le 190e anniversaire de la naissance de Louis Braille (1809-1852) et le 140e anniversaire de la naissance de Jean Jaurès (1859-1914).

Galerie