En 1987, le syndicat des fonctionnaires CGT de la Monnaie de Paris-Pessac fêtait son 50e anniversaire ! Un tel événement était bien digne d’une médaille…
Les volontaires pour travailler gratuitement ne s’étant pas bousculés, j’ai hérité de ce projet pour lequel j’ai voulu une réalisation complètement hors normes. En relation avec Roger Pouget, chef mécanicien à l’ACO (atelier central d’outillage), nous avons réfléchi à la faisabilité d’une très grande médaille, avec un très fort relief, mais qui puisse se fabriquer facilement, sans frapper des dizaines de fois sur le flan, en évitant les opérations de détourage au tour… Bref, un mouton à cinq pattes !
Je profitais très souvent de ma pause méridienne pour aller faire un tour dans le quartier, riche en monuments, et histoire, en spectacles de rue, et l’idée d’une médaille « Promenade autour de la Monnaie » s’est rapidement imposée !
La médaille
Face, réalisée en modelage, plâtre, puis réduction au tour à réduire.
Le bâtiment qui a été construit entre 1771 et 1775 par Jacques-Denis Antoine, se situe en front de Seine, entre le Quartier latin et le quartier Saint-Germain. Incendié en 1871, il a été reconstruit à l’identique.
Les habitués pourront reconnaître la cour Laverdi, celle de la Méridienne, etc.
Devant la Monnaie, le quai de Conti, deux péniches-habitations, et le petit bâtiment des sapeurs-pompiers-marins de Paris.
En tournant dans le sens direct (celui du Soleil, de la Terre et des cyclones) nous trouvons une corne d’abondance qui déverse sa production de pièces dans le fleuve. Vous y trouverez sûrement des pièces “fautées” !
L’Institut de France, avec sa coupole et ses deux ailes en arc de cercle, abrite les cinq Académies. Il fut construit entre 1662 et 1688 par Louis le Vau. L’aile gauche se situe à l’emplacement de la sinistre tour de Nesle, écrite par François Villon et chantée par Brassens !
En face, l’élégante passerelle (ou pont) des Arts, construite entre 1801 et 1804, reconstruite entre 1981 et 1984, également chantée par Brassens.
En nous éloignant de la Seine, après la place Furstemberg, nous trouvons l’église carolingienne de Saint-Germain-des-Prés, devenue clunisienne en 1024.
Une traversée par les ruelles ombragées, animées et secrètes, nous ramène à la Seine ; par le boulevard Saint-Michel, à la fontaine éponyme conçue par l'architecte Gabriel Davioud sur une volonté de Haussmann (1858-1860). Elle est le lieu symbolique des mouvements estudiantins, dont ceux de Mai 68.
En suivant le quai des Grands-Augustins, nous devinons les boîtes vertwagon des bouquinistes, qui nous ramènent au Pont-Neuf, le premier pont de pierre de Paris, et le plus vieux, construit entre 1578 et 1604.
La pointe de l’île de la Cité abrite la statue équestre d’Henri IV dont l’original était dû à Jean de Bologne (1614, remplacée en 1818) et le square du Vert galant, où je venais parfois faire ma sieste !
Au centre de la médaille, figure un des deux marteaux de porte à tête de lion mordant deux serpents, qui donnait l’ouvrant à l’illustre Maison.
Pour clore cette promenade, j’ai signé en toutes lettres MARÉCHAL J-L sur la Seine, vers le pont au Change…
Revers 1
La version originale, en cuivre, porte le texte « 1937-1987. 50e anniversaire du syndicat des fonctionnaires CGT de la Monnaie de Paris-Pessac »
En outre, j’ai signalé : « Outil : Pouget. Grav : j-l.m. », suivi de mon poinçon de maître.
Tranche 1
La trace de l’outil à découper.
Le poinçonnage réglementaire à cette époque : 1987 + la corne d’abondance + cuivre.
Devant le succès de cette médaille auprès des personnels de la Monnaie, le Directeur m’a commandé une version pour le public, qui a eu un revers différent, et fut frappée en bronze florentin. C’est essentiellement cette version qui est photographiée ici.
Revers 2
La version pour la « collection générale » a eu un texte différent : Saint-Germain-des-Prés. PARIS. L’Institut. Le Pont Neuf. La Monnaie.
Figurent aussi mon poinçon de maître et le poinçonnage réglementaire à cette époque : 1987 + la corne d’abondance + BR FLOR.
La tranche ne comporte rien d’autre que la trace de l’outil à découper.
PS : Il a été frappé 225 exemplaires en cuivre, avec le revers 1, en 1986.
Il a été frappé 85 exemplaires en bronze florentin, avec le revers 2 ; entre 1987 et 2003.
La technique
Plus une médaille a de relief, plus le nombre de frappes est élevé, nécessitant autant de recuits puis de détourages pour enlever la toile qui freine la montée du métal. Certaines médailles nécessitaient plus de 10 frappes !
Roger Pouget et moi avons cherché à éviter ce problème, tout en démontrant que d’autres technologies étaient possibles.
Une fois mes dessins avalisés et mon ébauche de maquette en route, nous avons opté pour un outillage double.
Un outillage qui ferait en même temps la découpe du flan (de forme irrégulière) et le préformage de celui-ci avec une paire de matrices ayant la forme de la médaille, mais pas la gravure. Un seul coup de presse, un seul recuit.
Pour la seconde étape, trois coups de presses furent suffisants pour que la gravure monte !
Caractéristiques techniques
Ø 100 à 112 mm
Épaisseur du flan : 6 mm
Hauteur de la médaille : 26 mm
Poids : 497 g pour mon exemplaire en cuivre (version syndicat), et 477 pour celui en bronze florentin (version collection générale)
Travail JLM :
Face : dessin & gravure
Revers : dessins & gravures
NB : il fallut faire fabriquer des boîtes spéciales pour la commercialisation !