Si vous suivez attentivement mon histoire et mes histoires, vous savez que j’ai eu Monsieur Émile Rousseau comme chef de service à l’atelier de gravure, depuis mon entrée dans la Grande Maison en 1977, jusqu’à son départ à la retraite en 1994. Dix-sept années, ça marque dans une carrière !
Nous l’appelions très respectueusement « Patron », mais les plus anciens qui étaient proches de lui l’appelaient Émile, en privé, ce que je ne me serais jamais permis. Je ne l’ai même jamais tutoyé ! Monsieur Rousseau était notre vrai Patron, et notre père dans le métier… Je l’ai beaucoup respecté, aimé et craint.
Le 12 novembre 2018, lors de la création par Bruno Visentini, du groupe « les méconnus de la numismatique »*, Albin Rey se proposait d’écrire un article sur Émile Rousseau. Je l’encourageais évidemment à le faire !
Mais la rédaction en fut et est encore bien difficile ! L’Administration des Monnaies et Médailles n’a pas daigné répondre à ses questions… et peu de portes se sont ouvertes à lui. Un beau jour, Albin me demande si Madame Rousseau est encore vivante, et si j’ai son adresse… Je peux peut-être répondre à la deuxième partie de la question, mais pas à la première. Albin a donc écrit à l’adresse que je connaissais, qui était leur maison de campagne puis lieu de retraite. Quelque temps après, il a eu le plaisir de recevoir une réponse provenant de la fille cadette du Patron, Sylvaine Rousseau.
Un rendez-vous est organisé pour que nous nous retrouvions tous les trois dans l’Yonne. Mais, catastrophe, Albin a eu un empêchement et s’est décommandé. C’est donc seul que je suis allé à ce rendez-vous, le vendredi 21 août 2020.
Cette prise de contact visait à renouer les liens avec cette maison où je m’étais rendu plusieurs fois. D’abord, pendant que j’étais en activité, j’y avais fait une escale lors d’un périple en cyclo-camping, méthode de voyage qui avait beaucoup amusé le Patron. Et puis, j’étais revenu au début de sa retraite, et une dernière fois pour ses obsèques.
Je n’ai pas eu de problème pour retrouver la maison et son immense jardin, un lieu qu’il affectionnait particulièrement.
Cette journée a été absolument merveilleuse, Sylvaine m’a fait les honneurs de la maison, de différents lieux où le Patron travaillait. Il s’était mis à tailler la pierre, il continuait à travailler la terre ou la pâte à modeler, et il a laissé plusieurs œuvres inachevées. Il n’était pas question, pour cette visite, de commencer le reportage détaillé de tout ce que Monsieur Rousseau nous a laissé. Nous voulions juste d’appréhender l’étendue du travail à accomplir par Sylvaine et ses frères et sœur, pour dresser un inventaire.
Ce qui a plu à Sylvaine dans notre démarche, c’était de voir le travail que nous entreprenons pour donner un sens, une seconde vie à mon patrimoine tournant autour de la 10 francs Génie. C’est ce qu’elle cherche à faire pour la mémoire de son père. Elle se pose la question de l’inventaire, du classement, du rangement, et puis de l’exposition, de la mise à disposition du public !
Je vous livre donc, quasiment en vrac et sans explications détaillées, ce que mes yeux ont découvert ou redécouvert. Des piles de dossiers, des tas de plâtres et de modelages, des boîtes pleines de médailles…
Outre cette visite, nous nous sommes plongés dans de volumineux albums photographiques, et avons parlé, beaucoup parlé, fait ressurgir des dizaines d’histoires, de blagues, d’anecdotes sur lesquelles j’aurais l’occasion de revenir en détail.
Je ne voulais pas vous faire attendre plus longtemps, je sais que le chemin va être long, et qu’il nous réservera de belles surprises.
Je renouvelle mes remerciements à Sylvaine Rousseau-Parisot pour cette journée, et pour celles qui vont se profiler dans les mois et années à venir !
Rappel :
C’est un beau jour de 1987 que le Patron m’a confié la création de la future pièce de 10 francs. C’est grâce à lui que je suis là.