Le pont de Shahâra.
En 1995, j’ai eu à créer une pièce de 10 riyals pour le Yémen. Le sujet : un pont de pierre du XVIIe siècle, situé dans un cadre vertigineux, à Shahâra, à l’ouest du pays (fig. 07 à 13). Le site est spectaculaire, et je n’ai pas eu de mal à le transcrire dans le module d’une monnaie. (fig. 1 à 3)
J’avais déjà travaillé sur le revers pour les coupures de 1 et 5 riyals en 1993. Je n’ai eu que la valeur à changer.
Je vous offre quelques informations trouvées chez Numista et autres (fig. 14 à 17). Mais comme je n’ai vraiment pas grand-chose à raconter à propos de ce travail, je vais en profiter pour aborder un sujet qui me tient à cœur, et qui vous interpelle sûrement :
La langue arabe et moi.
Dans mes premières années à l’Atelier de Gravure, je regardais mes collègues qui étaient un peu inquiets lorsqu’ils avaient à travailler sur des sujets en langue arabe. Nous étions souvent amenés à dessiner et graver des monnaies, des médailles, des timbres secs, des cachets de douane dans cette langue si bizarre pour nous…
Nous étions toujours embarrassés lorsqu’il fallait recomposer les textes, les adapter en fonction de la composition. Les risques d’erreurs étaient importants, et nous devions souvent questionner des spécialistes pour éviter ce genre d’erreur sur une monnaie mauritanienne (fig. 18).
L’idée m’est rapidement venue d’essayer d’apprendre des rudiments de cette langue. Je me suis inscrit à un cours d’initiation à la langue arabe dispensé au ministère des Affaires Étrangères, quai d’Orsay. Ces cours se tenaient en dehors de mon temps de travail, aussi, après une année, j’ai demandé à l’Administration de me trouver un cours dans le cadre de mes horaires. C’est ainsi que j’ai continué ma formation au ministère des Finances, à Bercy !
J’ai fait un peu plus qu’apprendre à déchiffrer et à écrire. J’ai rapidement réussi à composer un texte sans risque d’erreurs, et, à la Monnaie, je suis devenu « le spécialiste » pour tous les travaux concernant le monde arabophone !
J’ai passé trois ans passionnants, que j’aurais bien volontiers prolongés. J’ai découvert, à travers la langue, des particularités étonnantes, j’ai un peu mieux compris un peuple.