Mozart
« Mozart » a été mon dernier sujet à traiter en tant que graveur à la Monnaie de Paris. Mon chant du cygne aurais-je pu dire si je n’étais pas plutôt un vilain petit canard !
Au début de l’année 2006, les commerciaux m’ont confié la création d’une pièce pour célébrer le 250e anniversaire de la naissance de Wolfgang Amadeus Mozart, le 27 janvier 1756, à Salzburg. Je ne suis pas particulièrement mélomane, mais on ne refuse pas un tel travail !
Je me suis enfermé dans mon bureau-atelier, j’y ai amené tous mes disques de Mozart, et, pendant plusieurs jours, j’ai écouté la Flûte enchantée, la symphonie n°41 Jupiter, le concerto pour piano n°21… Défense absolue de me déranger !
Les coupures n’étaient pas encore fixées, 50mm ; 32mm ; 22mm… 100 € ; 10 €…
- Le 6 mars, j’avais fait mon projet, MON Mozart, que je livrais aux commerciaux !
Au bout de quelques jours, avis de retour :
- Monsieur Maréchal, vous pourriez en faire un autre, parce que celui-ci… hum… ne plaît pas à tout le monde
Refus de ma part (vous vous en doutiez ?)…
Plusieurs semaines passent, deuxième charge des commerciaux :
- Monsieur Maréchal, sans tout refaire, vous pourriez au moins enlever les partitions qui lui passent sur la tête, le buste… Il y en a qui (…)
Nouveau refus de ma part !
À la troisième charge, j’ai mis les points sur les « i » : vous avez demandé un Mozart à Jean-Luc Maréchal, vous avez le Mozart de Jean-Luc Maréchal. S’il ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à demander à un autre graveur qui ne fera pas de difficultés pour faire ce que vous attendez !
Je vous laisse imaginer le lourd silence de réprobation…
Plusieurs semaines se sont encore écoulées, jusqu’au jour où un commercial est venu me dire : finalement, c’est bon, ils sont d’accord, vous pouvez réaliser votre Mozart !
Et de rajouter : Mais il faut vous dépêcher, parce qu’on est en retard ! Je suis resté poli (si, je vous le jure), et j’ai juste précisé : Vous êtes en retard, pas moi.
Très serein -et très satisfait de ma victoire-, j’ai modelé mon Mozart, puis coulé mes plâtres, et suivi le travail de réduction au tour…
J’avais choisi de me servir du portrait très juvénile et tendre, réalisé en 1763 par Jean-Baptiste Greuze, peintre tournusien. Ce n’était pas le portrait le plus connu, et de loin, mais c’était mon préféré. J’ai traduit mon Mozart enveloppé de musique, envahi de musique, tant sur la face de la pièce que sur le revers. J’ai cherché à traduire ce personnage qui, toute sa vie, a vécu dans la musique…
Lorsque je suis parti à la retraite, le 15 novembre, le jour même de mes 60 ans, mes collègues ont voulu m’offrir cette pièce en version 10€ or. Mais elle n’était pas encore sortie de presse. J’ai eu droit à la boîte avec une réduction photographique dedans ! Rassurez-vous, j’ai eu mon cadeau quelques jours plus tard. Il trône toujours fièrement dans une de mes vitrines.
Pour finir cet article concernant mon dernier travail, je ne vous demande surtout pas d’aimer mon Mozart ni aucune de mes autres créations ! J’espère bien que certains d’entre vous oseront les trouver parfois quelconques, parfois même vilaines. Je vous prie d’oser porter votre propre jugement !
Description
Face
portrait en buste de Mozart d’après Jean-Baptiste Greuze, se détachant sur une partition musicale. Inscriptions : les initiales « RF », les dates anniversaires 1756-2006 et la signature de Mozart.
Revers
sur le segment droit, représentation des mains du compositeur jouant sur le clavier d’un piano au-dessus duquel figure une partition musicale. Inscription « ANNÉE MOZART ».
Sur le segment gauche, une portée et une clé musicale entourée des deux « différents », la valeur faciale 20 EURO, 10 EURO ou 1/4 EURO et le millésime 2006.
Le tirage des pièces est limité à :
- Pièces de 100 € en or de qualité Belle Epreuve : 99 exemplaires ;
- Pièces de 10 € en or de qualité Belle Epreuve : 1 000 exemplaires ;
- Pièces de 20 € en argent de qualité Belle Epreuve : 500 exemplaires ;
- Pièces de 1/4 € en argent de qualité Brillant Universel : 15 000 exemplaires.