Ah ! « La Starck »…
La Monnaie de Paris nous la présente :
En 2001, la Monnaie de Paris collabore avec Philippe Starck pour créer l’« ultime franc », une pièce frappée en or et en argent. Au revers, le décentrage du chiffre 1, unique élément de la composition, symbolise la disparition du franc. Les techniciens de l’institution ont effectué de minutieux calculs pour concevoir les outillages de cette monnaie aux formes ondulées, à la tranche inscrite et aux reliefs en méplat. La monnaie d’argent bénéficie d’un packaging muni d’une membrane souple, qui permet de palper les deux côtés de la pièce pour en apprécier les courbes sans altérer sa valeur de collection.
Monnaie de Paris.
Starck est un artiste à la mode, un « touche à tout » : mobilier, lunettes, bateaux, vélos. La monnaie n’y a pas échappé. Si un des graveurs de l’AdG avait fait un projet comme ça, il se serait fait envoyer promener… Mais la signature de Starck permet bien des exceptions !
Philippe Starck a dû être sollicité par la Monnaie de Paris, à moins que ce soit lui qui ait fait la démarche ? Il a eu la très bonne idée de créer une pièce sobre… très sobre, avec uniquement un très grand 1 dépassant du module sur la face, et le titre « ultime franc » sur le revers.
Il a eu l’idée de vouloir une pièce ondulée, en forme de chips, comme nous avons eu coutume de dire…
Numista nous la décrit « Forme ondulée pour rappeler le mouchoir qu’on agite pour dire adieu ». Pourquoi pas !
Alors, pour sa « chips », nous avons dû nous débrouiller pour fabriquer les outillages face et revers… mais surtout, nous avons dû caser le texte sur la tranche, donc réaliser une virole brisée contenant « 2001 • RÉPUBLIQUE FRANÇAISE • STARCK • LIBERTÉ • ÉGALITÉ • FRATERNITÉ » ainsi que les poinçons réglementaires ! (Fig. 01 à 09)
Ma participation à cette pièce a été uniquement technique : réaliser le fichier texte pour la CFAO ! Je le dis et le répète !
Pour faire ce travail, j’ai eu besoin d’une pièce d’essai, une vraie pièce d’essai, pas une de ces pièces marquées ESSAI… C’est mon chef de service, Pierre Rodier, qui me l’a procurée, et, après avoir effectué mon travail, j’ai malencontreusement oublié de la lui rendre !!!
Je l’ai léguée à JCV, qui est donc détenteur d’un unicum qui porte mes empreintes digitales. Qu’il en fasse bon usage. (Fig. 10 et 11)
PS : Je dois mettre les points sur les « i ». Lorsque les graveurs réalisent un nouvel outillage, ils vont l’essayer. Ils vont appuyer des plombs sur la MO (matrice originale), plombs qui seront donc tous différents, jusqu’à la version finale. Ensuite, dans des cas particuliers, ils vont avoir besoin d’essayer leur travail avec le métal choisi pour la production. C’est le cas pour des pièces de forme octogonale, décagonale, dodécagonale, etc. Et ça a été le cas pour la mise au point de la Starck.
Pour vérifier que la « chips » monte bien, plusieurs essais (des vrais) ont été réalisés, avec une paire de coins, avant que la virole brisée ne soit gravée.
Pierre Rodier m’avait donc confié un de ces essais pour étudier la répartition du texte à graver sur la tranche.
NB : Vous avez remarqué, la plupart des pièces sont frappées à plusieurs centaines d’exemplaires (et même millier), marqués ESSAI… Ce n’est pas le cas de la Starck ! Bizarre, non ?
Saurez-vous reconnaître la pièce d’essai et la fabrication de série ? (Fig. 12 et 13)
Quelques chiffres : Ø 33 mm
Argent 900 ‰ ; 17,8 g ; tirage 50 000 ex.
Or 750 ‰ ; 26,1 g ; tirage 5000 ex.
Liens :
Philippe Starck.
https://www.starck.fr/
Monnaie de Paris.
https://www.monnaiedeparis.fr/fr/collections-patrimoniales/l-ultime-franc