Graveur sur Acier

26. MO. PO. MR. PR.

1= matrice originale

2= poinçon original (issu de la matrice originale)

3= matrice de reproduction (issue du poinçon original)

4= poinçon de reproduction (issu de la matrice de reproduction)

5= coin (issu du poinçon de reproduction)

Maintenant que ce schéma est présenté, je pourrai m’arrêter là, puisque tout est dit !
Je vais quand même rentrer dans les détails, que j’accompagnerai de quelques croquis.

Tout d’abord, le vocabulaire dans lequel certains d’entre-vous s’embrouillent trop souvent !
= Matrice et coins : en creux.
= Poinçon : en relief.
= Matrice : bloc d’acier portant une gravure en creux, pouvant être une future médaille, ou une monnaie, mais après une transformation très spécifique !
= Coin : matrice usinée spécialement pour frapper des monnaies !

Dans la longue histoire monétaire, les techniques ont beaucoup changé, essentiellement grâce aux évolutions techniques. Je vais tenter de résumer cette évolution avant de détailler les techniques contemporaines.

Dans l’Antiquité et chez les Gaulois, chaque coin est gravé directement ; il n’y a pas de poinçon de sauvegarde, ce qui fait qu’il y a des centaines et des centaines de pièces différentes dans chaque type ! C’est aussi ce qui fait leur charme…

Au Moyen-âge, l’évolution n’est pas énorme. Les textes sont à présent frappés, mais pas avec des poinçons de lettres complets, seulement avec des éléments séparés. Il y a donc toujours beaucoup de variantes…

À l’époque classique, les premiers grands changements apparaissent : un graveur réalise le portrait du souverain en taille directe, en relief. Ce portrait sera répété sur les coins, et un graveur plus ou moins expérimenté va frapper le texte, à présent avec des poinçons entiers… mais pas toujours de très belle facture… Il y a donc encore beaucoup de variantes dans les pièces.

Le tour à réduire fait son apparition, et le graveur devient sculpteur-modeleur. À partir de ce moment, les outillages sont reproduits à partir d’un modèle et les variantes se limitent aux parties changeantes : millésime, différent du Graveur-Général, atelier de frappe…
Pour les gravures encore réalisées en taille directe, on a les moyens techniques d’enfoncer un poinçon complet, donc il n’y a que les mêmes variantes.

Arrivons enfin au XXe siècle, les normes techniques sont tellement strictes, les quantités frappées énormes, et les cadences de frappe incroyables, que l’on a du changer radicalement de mode de reproduction.
C’est cela que je vais vous décrire à présent. Je passerai sur les gravures reproduites au tour à réduire, où il y a bien peu de risques…

Le graveur réalise sa gravure en creux, dans un bloc d’acier, qui devient une matrice. Une fois son travail terminé, la matrice est usinée et trempée.
Elle s’appelle MATRICE ORIGINALE.
Cette matrice originale ne servira qu’une seule fois dans sa vie : le graveur va en relever un poinçon, qui devra être la copie absolument conforme de la MO. Ce poinçon subira éventuellement quelques petites retouches techniques, comme le surfaçage des lettres et le réglage du listel. Mais c’est à peu près tout.
Ce poinçon s’appelle POINÇON ORIGINAL.

Il ne servira pas beaucoup plus que la MO : seulement pour enfoncer quelques (?) matrices appelées MATRICES DE REPRODUCTION.

Ces quelques MR, dûment controlées par le graveur, vont permettre de relever une assez grande quantité (?) de poinçons, nommés POINÇONS DE REPRODUCTION.

Ce sont ces PR qui vont être utilisés pour fabriquer les COINS DE PRODUCTION !

Les coins de production ont une durée de vie très courte, moins d’une journée ! Donc les PR vont être très sollicités. Ils devront donc être nombreux (ne me demandez pas combien).
En remontant la chaîne de fabrication, les MR devront aussi être assez nombreuses…
En schématisant, cela donne : 1 MO = 1 PO = 5 MR = 25 PR = des milliers de coins ! 

Conclusion :
Les sources de différences dues à l’outillage, sont donc extrêmement minimes, limitées au millésime, dernier ou deux derniers chiffres, et au différent du GG.

Jean-Luc Maréchal, le 18 février 2018

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